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Mots contraires 3ème partie

 

 

PRÉSENT INDEFINI

Ne jugeons l’avenir qu’à partir du présent ;
Voyons dans le présent, l’à-propos, la manière ;
Un projet d’avenir n’est chose familière,
Construisons au présent l’avenir suffisant.

Si le sens du présent paraît tranquillisant,
L’idée de l’avenir en reste la matière ;
Mais le présent s’échappe, altier à part entière,

Et l’avenir fait craindre, il est souvent pesant.

Le présent n’est-il pas un passé en puissance,
Dont on songe au présent, le cœur plein d’espérance,
Présent de souvenirs, d’imagination ?

Dans le moment présent l’avenir se dessine ;
Lassons donc le futur bâtir son bastion ;
Un avenir se veut, du présent s’enracine.

Plus je vieillis, je crois, et plus j’ai d’avenir.
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LE TEMPS NE PERD SON TEMPS

Si tant est que gagner du temps est profitable,
Tant s’en faut cette idée que dans un premier temps,
Tout tend à s’accomplir et qu’on arrive à temps
Autant qu’on le désire en tentant l’improbable.

Tant qu’à faire il vaut mieux, tant bien que mal rentable,
Savoir prendre son temps, tant soit peu plus longtemps,
Que vouloir tant et plus, agir à contretemps,
Pour, dans un temps record, y chercher l’avantage.

Au temps que l’on doit tant, la sagesse est vertu,
Tant est-il qu’entre-temps, de bons sens revêtu,
A plein temps l’on profite autant qu’on le désire.

Et, entre deux mi-temps, soufflons de temps en temps,
Tant cela est vital pour qu’un peu l’on respire…
Qui a le temps attend, le temps ne perd son temps.

Et moi, mes chers amis, j’ai pris un temps d’avance.
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QUI PERD GAGNE ?!

Le hasard fait gagner, mais peut faire tout perdre ;
Savoir perdre à propos, c’est souvent y gagner ;
Seul, le temps toujours gagne, et peut nous enseigner
Que n’est jamais gagné tout ce qu’on peut reperdre.

À y perdre son temps c’est en faculté perdre ;
À tout vouloir gagner, tout peut s’en éloigner ;
Perdre la confiance et rien à y gagner,
Fait perdre tout espoir, gagnant l’idée de perdre.

Ne pas perdre de vue que n’est jamais gagné,
Jamais perdu d’avance, un projet bien soigné ;
Et ne pas perdre espoir si quelque peur vous gagne.

Pour gagner du terrain, gagner quelque hauteur ;
À gagner certain bien, le bonheur s’accompagne,
Et c’est ça de gagné, sans perdre sa ferveur.
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LE FEU SACRÉ

Faire feu de tout bois n’est pas source d’eau pure,
Pour se jeter à l’eau dans l’épreuve du feu :
Nager entre deux eaux n’a aucun pare-feu
Et souvent un projet tombe à l’eau, immature.

Jouer avec le feu, c’est risquer la brûlure ;
Le feu a besoin d’eau, et ne fait pas long feu
Si la mèche est noyée près de la bouche à feu,
Et que la goutte d’eau en chasse la morsure.

Si je peux me permettre, ici, quelque conseil,
C’est qu’être entre deux feux, c’est du même au pareil
Que se jeter à l’eau et nager en eau trouble.

Pour qu’un plan réussisse, il faut le feu sacré,
Sinon, tel feu de paille, il ne vaut pas un rouble,
Et comme un coup d’épée, dans l’eau aura sombré.
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FAIT TARD

Je suis un couche tard, je suis un lève tôt ;
Mais loin d’être un étau qu’une tare accapare,
J’en retire plutôt un plaisir à l’hectare,
De facto, sans retard, étant prêt aussitôt.

À l’instar de mon art, je respire tantôt
Au nectar legato des sons dont je m’empare,
Bientôt cerné de vers, tandis qu’un bon cigare
Enfume l’ambiance, un peu ex abrupto.

C’est très tard, avant-hier, que ces rimes naissantes,
Aujourd’hui, et bien tôt, aux idées agissantes,
Ont d’un esprit dispos mis repos au propos.

Au tréteau du papier : plateau de mon délire,
Je soumets, sans tarder, ce modeste dépôt,
Proposé humblement par un pince-sans-rire.
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VOIR OU CROIRE ?

Voir c’est croire, dit-on, mais faut-il toujours croire
En fait ce que l’on voit ? Je préfère, prudent,
Tempérer dans le doute et cacher l’illusoire,
Pour juger, comparer, à mon corps défendant.

Savoir : c’est voir en soi ; croire n’est point prouver,
Mais vivre en même temps l’écart et l’alliance.
Le réel n’est jamais, on sait, que d’esquiver
Quand, théoriquement, il n’est point évidence.

Croire n’est pas savoir, mais croire crée les choses,
Et l’on peut s’exposer ainsi à se tromper,
Car si certains rallient à eux toutes les causes,
L’éclairé, pour voir loin, désire anticiper.

Alors, pour voir de loin, regardons de plus près :
Chez l’homme qui apprend est-il si bon de croire,
Comparé à celui qui sait et a secret
Que savoir plus que voir est moins aléatoire.

Souvent un parti pris vaut mieux qu’une équivoque,
Qui me contrariera ? Le réel n’est jamais
Ce que l’on pourrait croire, et en cela évoque
Qu’il porte aussi le doute et souvent compromet.

C’est encor croire en soi que de douter de soi,
Car croire c’est aussi savoir porter ses doutes…
Il peut nous en coûter, et l’on s’en aperçoit
Aux valeurs des idées qui jalonnent nos routes.

En cela j’ai appris à juger, à déduire,
À comparer, penser et être observateur,
Pour qu’enfin voir et croire, en moi puisse construire
Que voir est salutaire et croire plus flatteur.
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QUAND LES VERTUS DU VICE…

Les vertus sont liées à tous nos petits vices,
Qui les rendent légers, quelquefois raffinés ;
Soyons donc indulgents de nos gourmands caprices,
Aux dépends des vertus, puisqu’ils sont contournés.

Il faut être courtois aux qualités du vice ;
Un vice sans plaisir étant moins que vertu ;
N’ayons point de remords, ou l’âme accusatrice,
Vivons, par conséquent, sans en être abattu.

Nous ne devons juger : Dieu jugera pour nous ;
Faisons part équitable aux charmes de la vie ;
Ni apôtres du vice au temps d’un rendez-vous,
Ni blâmant la vertu, si elle nous convie.

Il faut morale à tout : conservons nos défauts…
Calculer la vertu c’est instruire le vice ;
Le vice est dans la nuit, mais il a des faisceaux ;
La vertu, au grand jour, n’est parfois que factice…

Un vice spontané est vertu d’innocence ;
S’il est simple et naïf : reste un vice commun.
Les vices déguisés ont, seuls, une indécence,
S’agitant dans l’orgueil qui est inopportun.

C’est ce qui me fait dire à vous, tous mes amis,
Qu’un vice tient l’usage et s’habille aux vertus ;
Car, en vertu de quoi, à nos vices soumis,
La vertu, trop guindée, à des sous-entendus.

Ôter l’espoir au vice, il me semble, est donner
Une arme à la vertu qui est capricieuse,
Comme un masque de mœurs pour se dédouaner,
Corriger tel abus de façon pointilleuse.

Par nature ou instinct, les deux sont en usage :
Le vice échappe aux lois, vertu a bon aloi ;
Mais pardonnons au vice, et montrons son visage,
Rendons-lui politesse : il nous sert, quelquefois…
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JEUNESSE ET VIEILLESSE

Gommer du temps aux ans, gouverner sa jeunesse,
Lui prêter la durée qu'il plairait valider :
Folle philosophie, chimère sans promesse,
Espoir de vanité pour mieux nous gourmander.

Et la flèche du Temps qui blesse la vieillesse
Ne peut guérir, hélas, de ce qui fut conquis...
Tel est ainsi le sort et qui, sans politesse,
S'abat un jour sur nous puisqu'on ne le vainquît.

Jeunesse n'a qu'un temps, vieillesse contre temps :
Spectre disgracieux qui contemple l'automne,
Envieux de Janus au pouvoir exaltant,
N'ayant qu'un seul visage et l'âge qu'il nous donne.

Car plus on devient vieux le temps est disgracieux ;
Nos tempes fleuriront au blanc impitoyable,
Cernées de toute part au poids calamiteux
D'une ardeur qui s'éteint : destin irrévocable.

La jeunesse est printemps, hiver est la vieillesse ;
- Penser en la jeunesse est savoir bien vieillir - ;
Aux splendeurs d'autrefois, le charme fait noblesse :
S'il est indélicat, il peut nous embellir.
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LE BEAU ET LE LAID

Si contempler le beau est saisir le fragile,
Le beau étant divin et cause de plaisir ;
Ce beau n'a qu'un aspect, mais le laid en a mille ;
Rien n'est pure beauté qu'un laid ne peut saisir...

La recherche du beau, ou la quête du vrai ?
Le réel seul est beau, ne l'est aucun possible ;
Mais le laid, pour autant, en reste-t-il abstrait,
Vu que le jugement n'est jamais infaillible ?...

Le beau se définit aussi facilement
Que sa manière d'être est ce qui désespère ;
Le beau n'existe-t-il qu'en l'ensorcellement,
Puisqu'il naît, puisqu'il meurt, se perd, se régénère ?

Le laid n'est-il présent qu'en l'habit d'une époque ?
Que pour le déclarer ? Au lieu de s'appliquer
À chercher - si minime - au point que l'on s'en moque,
Un soupçon de beauté pour la communiquer.

Amour du laid, du beau : chaque genre a ses règles.
L'art seul sépare-t-il, sans jamais l'écarter,
Ressemblance ou réel, quand l'esprit seul allègue
Pour faire contrepoids, un regard pour ...voter ?
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LA THEORIE ET LA PRATIQUE

Si dans la théorie la pratique s'impose
C'est que les théories n'opèrent point de faits.
Dans un ordre pratique, en théorie, suppose
Que les actes n'ont droit à l'erreur des effets.

Car toute vérité s'inspire de pratique ;
Le doute est théorie : idéal sans valeur ...
La réalisation se fait dans la pratique ;
La théorie augure, et peut causer l'erreur.

Mais "pratique sans tête est théorie sans jambe"
Disait le philosophe en son raisonnement ;
Ce n'est le moindre charme, et si d'un croc en jambe,
La théorie, parfois, au procédé dément.

Car, bien des théories justifient certains actes ;
Leur formule avérée approchant du savoir.
Si l'on sait que tout l'art n'est sciences exactes
Et que les théories oeuvrent au "percevoir".

L'art est l'habileté réduite en théorie ;
S'il faut faire un effort : s'oublier dans l'effort !
Puisque, dit-on, l'effort, bien souvent, contrarie
Et dessert la pratique en étant trop retors.

Ayons donc pour support cet apport, réconfort,
Ce renfort qui distord et, dès lors la pratique ;
Tout record est décor si d'abord au rapport
Il procède à servir théorie plus pratique.

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Date de dernière mise à jour : 2020-12-11 12:11:11

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