Créer un site internet

POÉSIE : UNE EXPLORATION PERMANENTE

 

 

Stylo plume

 

UNE EXPLORATION PERMANENTE

(ESSAI)

Si le domaine de la poésie est une exploration de ressources inépuisables du langage, il relève de toutes formes d'inconnus ou de mystères. Pour beaucoup d'adeptes la poésie est une quête de l'absolu ; et cet absolu change autant de nature que de signification. Il peut être considéré, au sens le plus large du terme : sans bornes, ni fi

Il y a des poètes qui, à l'instar de RIMBAUD, traitent la poésie classique de "vieillerie poétique recherchant dans le corpus un moyen de fixer des "vertiges" et des "hallucinations" pour parvenir à l'inconnu, tout en respectant les règles de la prosodie classique. Il y a ceux qui, comme Paul CLAUDEL, Pierre EMMANUEL ou Patrice de La Tour du PIN, voient dans la poésie une quête spirituelle et religieuse. Et les autres, qui ne sont pas des mystiques, se contentant de faire naître l'émotion en s'adressant moins à la raison qu'au cœur du lecteur, comme dans la poésie lyrique ou épique. Ils créent, par les comparaisons et les métaphores, un concept qui n'a pour autre but que d'établir des rapports entre des réalités, auxquels on ne songerait probablement pas spontanément.

Les surréalistes, par exemple, libèrent l'inconscient en court-circuitant, en quelque sorte, le carcan de la logique et de la raison. D'autres, enfin, se content, plus simplement, de jouer avec les mots en les manipulant avec humour, ironie ou dérision, tel VERLAINE, dans son "Jadis et Naguère", 1894.

On peut donc affirmer que la poésie est une activité à la fois ludique et sérieuse, le travail sur la langue offrant tant de ressources… Il suffit de savoir apprivoiser les mots. Il n'existe donc pas UNE poésie, mais DES poésies, dont les thèmes et les moyens d'expressions constituent de multiples facettes. Son univers est celui de tous les possibles, la question essentielle demeurant : "comment devient-on poètes ?"

C'est là, je pense, poser tout le problème de l'inspiration, celle-ci étant une condition de base, sans oublier qu'elle est reliée, systématiquement, au travail. Si l'inspiration peut provenir du plus intime de l'individu, en faisant appel à sa sensibilité, à ses émotions au plus près de leur vérité, dans cette conception lyrique communicative on peut faire chanter les mots dont le romantisme s'est inspiré. Il suffit de se rappeler de ce vers célèbre de MUSSET :

Ah ! frappe-toi le cœur, c'est là qu'est le génie.

Mais la poésie évolue sans cesse ; d'autres poètes, tel André BRETON, pensent que l'inspiration se localise dans l'inconscient. L'inconscient étant le réceptacle des pulsions. Donner libre cours à cet inconscient, même passagèrement, est, pour ces écrivains, le moyen d'accéder à l'authenticité de notre être, en retrouvant les zones mystérieuses de la vie. On appelle ce genre de poésie : le surréalisme. (J'en ai parlé un peu plus haut). Une sorte d'état second né de la pratique de l'écriture dite "automatique" ; le langage acquiert alors une liberté totale, étant affranchi des règles de la grammaire, (il n'y a, souvent, plus de ponctuation) et du carcan de la raison. Paul ELUARD fait partie de cette école. Il convient de préciser, tout de même, que l'écriture "automatique" n'a, toutefois, été qu'un jeu, auquel BRETON et ses amis ont d'ailleurs vite renoncé. Elle donnait des résultats trop décevants, malgré qu'elle n'en est pas moins intéressante dans son principe. Pour ma part, je considère que placer l'inspiration dans l'inconscient est modifier le statut du poète. On ne définit plus la qualité poétique d'un texte d'après sa perfection formelle, mais d'après son degré de spontanéité et d'étrangeté dont naîtra l'émotion.

Comment, en définitive, définir la beauté d'un poème ? Pour les surréalistes, la beauté n'est ni harmonie, ni perfection. Elle est une surprise, résidant dans l'inattendu puisque réalisant la fusion de la perception physique et de la représentation mentale, en quelque sorte. La poésie a donc cet immense avantage de choisir son vocabulaire, son langage. Selon les époques, les théories et les écoles littéraires. Les raisons de ce choix varient. Le XVIIe siècle distinguait les registres de langue. Le romantisme, lui, a lutté contre cette prédominance du langage noble dans la poésie parce qu'il conduisait à trop d'affectation. La poésie Parnassienne naît de la réaction contre les excès et les facilités du romantisme ; mais les parnassiens, eux-mêmes, n'ont pas évité le piège, en voulant s'écarter d'une poésie qui se confondrait avec le jeu des subtilités du langage. Leur poésie est techniquement parfaite, soit, mais elle reste souvent froide. Prenons pour exemple MALLARMÉ, dont l'hermétisme "savant" décourage plus d'un lecteur.

En conclusion, et tandis que force est de constater que la poésie n'occupe guère le devant de la scène, nos contemporains ayant désappris à la lire, et son public s'étant rétréci, la poésie actuelle ne se propose plus de changer la vie, comme le rêvaient RIMBAUD et les surréalistes ; le poète moderne ne prétend pas davantage être un mage ou un prophète inspiré, comme le proclamaient les romantiques. Il cherche, plus modestement, à rendre le monde qui nous entoure plus habitable, plus accessible, peut-être plus "humain" aussi, en revenant aux réalités élémentaires. En d'autres termes, le poète doit demeurer le maître absolu des formes de la vie, et non en être l'esclave, comme le sont les réalistes et les naturalistes. Des formes de Vie imparfaite, il doit recréer la Vie parfaite afin de symboliser son idée de la beauté. Par le Verbe la poésie "dit" et "pense", par la Musique elle "chante" et "rêve". Je crois que seule la poésie lyrique est celle qui peut prévaloir, puisque symbolique par la force de l'idée inspiratrice face à la vaine réalité de la vie. Elle n'emprunte à cette Vie que ce qu'elle offre d'éternel : la Beuté, qui est le signe à la fois du Bien et du Vrai. N'est-ce pas Saint-Pol ROUX qui écrivait :

"Poètes, haussons nos âmes par dessus les horizons, et que nos vœux appareillent pour l'infini".

La poésie est la forme supérieure du "dire" par le seul fait de libérer le langage de toute entrave ; mais elle est "force", également, du symbole, faisant apparaître sans cesse des liens que l'observation rationnelle ne nous permet pas de déceler. Sa grandeur est de nous donner conscience, au travers de sa solitude, des profondeurs, des correspondances et des voies d'accès à l'Être, de notre ego, en fait.

 

 

bouton-retour-1.jpg

Date de dernière mise à jour : 2019-12-31 17:29:38

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site