Sonnets 9ème partie

confidences.jpg

 

OUBLIANCE

L’hiver qui a vaincu l’ultime résistance
Des rameaux orphelins de leur feuillage roux,
Aux bois pétrifiés inspire l’endurance
En présage à des jours sous un climat plus doux.

Dans l’air silencieux, propice à l’oubliance,
Quand s’invite le froid chargé de son courroux,
La nature endormie semble faire allégeance
Au deuil du pastoral dans la forêt de houx.

Le brame d’un grand cerf loin dans la frondaison
Rompt la tranquillité, s’estompe à l’horizon,
Tandis que la nuit monte en détirant son voile.

Et dans le breuil songeur, tel un divin soupir,
Sous l’œil énamouré d’une angélique étoile*,
Un vent léger s’infiltre et veille à s’y blottir.


* Vénus

barre-echos-2.png

DANS LES ORS DU COUCHANT

Le soleil fléchissant couvre de vermillon
Les nobles éperons des crêtes qui dominent
Les alpages et prés, lyrique échantillon,
D’une nature rude aux couleurs qui déclinent.

Les ombres s’allongent, le dernier oisillon
Se réfugie aux bois quand aux nues se dessinent
Les astres scintillants, dardant leur aiguillon,
En veilleurs de la nuit que les cieux entérinent.

Dans l’azur immuable aux douces litanies
Qui murmurent, feutrées, leurs notes d’harmonie,
La lune nostalgique invite à méditer.

Un vent léger s’infiltre à travers les feuillées,
Bien soyeuses senteurs qui viennent exciter
Dans les ors du couchant mes pensées égayées.

barre-echos-2.png

AUX LUEURS DE L’AURORE

Tout autour du marais aux lueurs de l’aurore,
Quand la feuille frémit aux brises du matin,
Tandis que les colverts, au ciel qui se colore,
Transitent vers une eau vernissée de satin,

Sous les branchages noirs chaque ombre s’évapore,
Filtrant au demi-jour un généreux plantain*.
Le languide regard d’Artémis va se clore,
Cédant son œil nocturne au soleil qui l’atteint.

A l’heure où l’on entend les ramages d’oiseaux
Qui s’envolent et vont rejoindre les closeaux,
En cherchant la clarté : l’aube est étincelante.

Au milieu des buissons où s’éclosent les fleurs,
Ayant comme horizon la vue arborescente,
Je caresse mes sens à ces discrets bonheurs.

 

* Plantain : végétal des étangs, de la famille des alismacées.

barre-echos-2.png

L’ÂME DES VALEURS

Quand la lune, le soir, se vêt de ses pâleurs,
Et que dans la douceur naît le crépusculaire,
Le silence drapant le sous-bois séculaire
Vient caresser mes sens sous les tilleuls en fleurs.

Je n’ai pour fiancée que l’âme des valeurs,
Pour saisir la vêprée et ma vue se complaire
D’un frisson amoureux que seul mon cœur éclaire,
Aux formes de la nuit, symboles enjôleurs.

Sur les collines bleues qui s’endorment pensives,
Quand les chaleurs du jour s’évaporent furtives,
Les effluves feutrés tiédissent un air pur.

Nature ! paradis aux chemins de mes rêves,
Qu’un essaim de parfums disperse au clair-obscur,
Que de dévoilements aux visions si brèves…

barre-echos-2.pngAU POINT DU JOUR

Sous la tiédeur d’avril quand renaît la nature,
Et qu’un printemps galant tonifie le gazon
Bordant les longs sentiers, l’abondante verdure
Habille un riche sol flattant l’intersaison.

Le lent baiser du jour offre au bois la parure
D’un lever de rideau dorant la frondaison,
Où les douces senteurs, dans le vent qui murmure,
S’essaiment alanguies, flânant vers l’horizon.

Dans toute la vallée baignée de solitude,
Je respire au secret de cette quiétude,
Les pervenches et lys cortégeant mon parcours.

Les arbres fraternels dans la vapeur légère
Des prémices du jour se dressent alentour,
Et dans l’humus épais prospère la fougère.

barre-echos-2.png

AUX PORTES DE L'AURORE...

Quand la nuit s'évapore à l'aurore naissante,
Que la lumière tremble en filtrant sa clarté,
Comme un enchantement la pâleur languissante
Révèle sa splendeur dans l'azur dilaté.

Tout se hâte, grisant, dans la sylve abondante
Et dans l'air attiédi chassant l'obscurité,
Puis, caressant les flancs d'une flore odorante,
Un frisson matinal s'annexe en fluidité.

Les ronces et rameaux frangent le long ruisseau,
Dont l'eau vive et limpide imprime de son sceau
La verdure emperlée qui jouxte ses deux rives.

Le doux réveil des bois dans son manteau soyeux
Accrédite mes sens aux pensées intuitives,
Et j'apprécie l'instant : humble, respectueux.

barre-echos-2.pngRENAISSANCE

Renaissance attendue des beaux jours qui esquissent
Au berceau du printemps dans leur écrin galant,
La palette fleurie d’un décor rutilant
Couronnant la futaie aux teints qui l’embellissent.

Tout semble évanescent quand les reflets s’immiscent
Aux atours délicats d’un charme ensorcelant,
Que l’essence des bois dispense élégamment
En arômes subtils qui s’y épanouissent.

Les oiseaux alentour aux bois ont investi
Cet environnement quand le ciel s’ébaudit,
Et répand les rayons d’un soleil débonnaire.

Dans le charme discret du bosquet en éveil,
La saison se courtise au plaisir oculaire,
En offrant sa noblesse après un long sommeil.


barre-echos-2.png

bouton-retour-1.jpg

Date de dernière mise à jour : 2022-04-05 19:54:59

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site