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Poésies classiques 5ème partie

 

 

Lac d annecy 14

 

 

 

TRINITÉ

 Ô splendeurs éthérées suspendues dans l’aurore,
Lorsque les vents du Sud parcourent le maquis ;
Parangon de beauté où le feuillage dore
Un tapis de velours que l’hiver à conquis. 

Les ombres se dénouent au bleu du firmament,
Quand les contours naissants rétablissent leur forme ;
Aux vapeurs ouatées répond le pépiement
Des nombreux passereaux à l’abri d’un grand orme. 

Sur le gazon menu dans l’humus qui transpire
Ses parfums allégés s’élevant dans l’azur,
La lumière s’infiltre et la clarté l’étire,
Pénétrée d’un rayon marié à l’air pur. 

Mes fugaces pensées posent sur ce décor
L’espace de mes sens offerts en promontoire,
Où, de cette hauteur, j’expertise l’accord
Du pastoral, du temps, d’un chant incantatoire… 

Dans cette Trinité : Amour, Dieu et Nature,
Au lever du soleil tout est un grand miroir ;
Rivage poétique et musique et peinture,
Lorsqu’un seul rouge-gorge a don de m’émouvoir.

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LE SENTIER DES OCRES

Beauté silencieuse et de paix minérale
Aux nuances fardées de grés ferrugineux,
Les sables fins de quartz  – harmonie picturale,
Jaunes, rouges ou blancs dans un relief veineux, 

Flattent le promeneur, tout près de Roussillon.
Depuis le Belvédère au Cirque des Aiguilles,
Un trésor séculaire établit le maillon
Entre la rêverie, couleurs et estampilles, 

Que les ocres ténues charment d’intensité.
Dans des tons orchestrés, ourdis du fond des âges,
Dont la lumière irise un grain d’éternité,
Le Luberon s’octroie les plus beaux paysages, 

Couronné de lavande et de coquelicots.
Vestiges de remparts chevillés au village,
Dressés sur le Mont Rouge aux versants verticaux,
Aux faîtes du castrum, Roussillon rend hommage 

Aux chemins du soleil pénétrant son terroir.
A l’assise des murs quand la rose trémière
Epanouit, en juin, sa fleur pour émouvoir,
Le Ventoux, au lointain, prend forme familière.

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AU PRINTEMPS DU POEME

 Belles gerbes au champ superbe du langage,
Dont les mots décorant subtilement l’esprit,
En mètres réguliers – et sans effet de l’âge,
Ont de la poésie, chaque siècle pétri. 

Ils cultivent le Verbe au vertige de l’âme,
Dans la grâce première, au printemps du discours,
En un bouquet de vers qui fleurit et enflamme
Les rimes au gazon de quatrains de velours. 

Sur le vélin d’albâtre, à l’essence soyeuse,
Où glisse avec panache un stylo asservi,
Le poète savoure en son humeur fougueuse,
Pensée et sentiments prenant corps à l’envi. 

Au jardin de Clio, à l’aura de Virgile,
Où le mont Hélicon y devient leur autel,
L’espace est coruscant et l’onction s’exile,
Éperdue puis grisée d’un nectar d’hydromel.

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SOUS LES ARBRES-GARDIENS...

Ô beauté hors du Temps, et presque indescriptible,
Sauvage et lumineuse enchantant mon chemin,
Serais-tu de Médée ou de Niiv l'intangible,
Et moi tel un Jason assisté de Merlin ?

Voudrais-je sur l'Argo voguer et, dans le mythe,
Sous cet air parfumé de miel qui m'envahit
Au chêne de Dodone, et à l'odeur bénite,
Me laisser absorber tandis que j'obéis ?

Sous les arbres-gardiens m'accordant le passage
Tandis que je franchis tous les âges anciens,
J'apostrophe l'oracle et j'écoute un langage
Qu'exprime Antiokus* aux dons magiciens.

Voudrais-je m'élancer vers l'éloignée Colchide
Et poursuivre un chemin vers cette Toison d'Or,
Tandis qu'un vent de feu au ponant, comme un guide,
Semble inviter mes pas hésitants dans l'effort ?

Tel un charme léger semblant sonder mon coeur,
Comme une douce voix constante et protectrice,
Un esprit étranger s'insinue séducteur ;
Le passé m'investit : lueur révélatrice,

Où la mythologie, les siècles, les légendes,
Semblent me défier – sourde possession...
Et j'aperçois Médée dont les deux bras se tendent
M'invitant à cesser mon obstination.

* Antiokus : Merlin.

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LES JARDINS D’EYRIGNAC

 Bienvenue aux jardins du Manoir d’Eyrignac,
Opéra de verdure au sein du Périgord,
Qui, tout près de Sarlat, proche de Salignac,
Offrent l’Histoire et l’Art au plus galant décor.

Le cèdre bleu d’Atlas voisine les mûriers ;
Le charme, les noyers, aux formes symboliques,
Font la tradition d’ornements réguliers,
Où la lumière et l’eau chantent des sons magiques. 

Dans la cour du Manoir tout habillée de buis,
Lieu de grâce abritant la poésie de l’âme,
Les gazons et les haies prennent pléniers appuis
Sur un sol généreux où l’essence se pâme. 

La « Terrasse enchantée » et ses nombreux jets d’eau,
S’élançant au-dessus des bassins en cascades,
Emperle les rosiers d’un vaporeux manteau,
Auréolant les fleurs disposées en arcades. 

Sous l’ombrage doré des immenses cyprès,
– Topiaires* sculptées couronnant les allées –,
Les camaïeux de verts conservent les secrets
De siècles d’harmonies toujours renouvelées. 

Je salue cet écrin d’onde et de végétaux,
Proche d’un if géant qui contemple les âges,
Et dont ma main posée sur ses flancs colossaux,
Effleure en au-revoir mes biens muets messages.

*Topiaire : désigne une plante ou un arbre sculptés en formes de figures décoratives.

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NATURE EN PERIGORD

 Comment ne se sentir autant émerveillé
Par cette majesté  cette grande féerie,
Quand, en guidant mes pas nimbés de griserie,
Le sous-bois resplendit, tout de pers habillé ? 

La rivière tressant son cours ondulatoire
Sous le ciel de l’aurore échancre en broderie,
Les berges dentelées qui, en leur trajectoire,
Reflètent la verdure avec coquetterie. 

Au sud, à quelques lieues, descend une gabare,
Glissant sur la Dordogne, au sein du Périgord,
Et, tout au fil de l’eau, où le regard s’égare,
Des siècles d’histoire s’offrent en contrefort. 

Au pays des châteaux et des jardins de France,
Où ifs, charmes et buis peignent l’exquisité,
Le passé, le présent conjuguent l’alliance
Au soubresaut du Temps dans l’authenticité. 

Soigneux de souvenirs à l’esprit romantique,
Courant les roseraies et les closeries d’eau,
En cet arboretum, espace emblématique,
J’ai posé mes regards conquis au boqueteau. 

En ces contrastes d’ombre et de douce lumière,
Modelés et polis à l’arrière-saison,
Tout perce en filigrane, et l’odeur familière
De l’automne enveloppe un obligeant gazon. 

Vergers de poésie aux chansons des fontaines
Réfléchissant l’écho de leur ruissellement,
J’entends le chuintement des sources riveraines
Fluant à travers champs, imperturbablement. 

La magie est palpable au rythme légendaire
Des donjons, des manoirs, de l’Histoire sans fard ;
Fleurons d’exception où d’un haut belvédère,
Se fond dans la vallée, Sarlat, la « ville d’Art ».

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LE SOL DE MES RACINES

Chez nous, dans le Midi, quand les cigales chantent,
Et que les papillons envahissent les près,
A l’abri des grands pins, les pensées s’alimentent ;
Pour ne pas être heureux il faut le faire exprès. 

Source de mon bonheur, celui des origines,
Je me nourris de toi, mon précieux terroir ;
Idolâtrie d’un sol, celui de mes racines,
Terre de mes aïeux, de mon faire-valoir. 

La Provence s’habille au ciel de canicule,
Dans les près les criquets s’affirment bruyamment ;
Le « pays »  est ici, de l’aube au crépuscule,
Un petit paradis à vivre intensément. 

On danse rigodon, farandole et quadrille,
Mais aussi matelote et puis la mazurka,
Sous l'azur toujours bleu, dans la joie qui pétille,
Et dont la bonne humeur y prend un goût muscat. 

Dans les prés jaunissants tout s’expose en romance,
Quand  le tapis herbeux se gorge de soleil ;
La nature frémit d’aise et de concordance,
Telle une ode sacrée, mélodie sans pareil. 

Sur le faîte boisé de la proche colline,
Quelques vols de corbeaux envahissent le ciel ;
Et tandis que Phébus, rougissant, se décline,
Son rayon toujours chaud se teinte couleur miel. 

Un ruisseau, aminci par tant de sécheresse,
Diffuse un filet d’eau, tortueux à souhait,
Qui se perd dans le sol, tout en délicatesse,
Dont le brome apprécie son humide bienfait. 

Qu’il fait bon en ces lieux, nature généreuse,
De flâner dans le soir, au pays de Mistral ;
Contrée du félibrige et belle colporteuse
D’un riche patrimoine au savoir ancestral. 

J’ai pris pour habitude en automne, au printemps,
De diriger mes pas en la redécouverte,
D’extérioriser mon bonheur à plein temps,
Près de la grande bleue qui m’est aussi offerte.  

Le souvenir s’attarde au nombre de mes rêves,
Comme un souffle courtois m’invitant, généreux,
Au flot impétueux d’images bien trop brèves,
Qui, amoureusement, ont des tons velouteux.  

Un passereau brun clair s’agite à la ramure,
Trille joyeusement comme dans l’Autrefois,
Et semble faire écho, en un plaisant murmure,
A ma chère Provence, à son galant sous-bois. 

En poète envoûté, la plume est mon pinceau,
J’inonde mes regards aux rayons de lumière,
Et, d’un sourire en fleur, assis sous l’arbrisseau,
J’écris en vers feutrés pour la rose trémière.

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QUAND LA CHANSON DU VENT… 

Les choucas et les freux peuplent mes paysages,
Évoluent librement au dessus des rochers,
Tout près des nombreux lacs patinés par les âges,
Entourés de sentiers aux parcours outranciers. 

Chaînes de hauts massifs aux glaciers suspendus,
Parcourues de ruisseaux s’échappant du granite,
Et fluant, tortueux, en débits distendus,
Dominent la vallée, de majesté séduite. 

La riche frondaison aux lignes ondoyantes,
Aux nuances de tons parcourant les sous-bois,
Est un sceau de splendeur, parures verdoyantes,
Où la sylve s’étend jusqu’au pied des parois. 

La futaie tapissée de feuilles pourpre et or
Ornemente le sol aux parures d’automne,
Agrémentant la vue aux reflets d’un décor
Qui se barde d’attraits sous un ciel qui moutonne. 

Près du lac enclavé de dômes enneigés,
La horde de chamois déambule, placide,
S’abreuve à l’eau glacée des couloirs étagés,
Et se perd dans l’aurore en cheminant, languide. 

Quand la chanson du vent au travers du feuillage
Se répand en échos aux soupirs sans pareil,
La nature embellie s’orne de l’habillage
D’un décor irréel et déjà en sommeil.  

Aux rameaux sinistrés d’une haie de peupliers,
Des essaims d’étourneaux multiplient leur ramage,
Et s’envolent, soudain, en quittant les halliers,
Tel un nuage épais traversant le bocage.

Un vol de passereaux les suit dans leur sillage
Absorbé à son tour aux doigts du firmament,
Tandis  que le refrain de leur bruyant ramage
Semble nous inviter à leur doux pépiement.

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JE M’EGARE EN SOUS-BOIS…

Je m’égare en sous-bois, au bienfait de l’ombrage,
Promenant mon regard au flanc d’un coudrier ;
Dans les champs la couleur, l’envoûtant paysage
Offre un bouquet guindé, que l’œil vient marier. 

Le vent est parfumé de l’essence suave
De fines fleurs des bois, arômes familiers,
Et, tout autour de moi, se module l’octave
Du chant pur et vernal des graciles verdiers. 

Aux vergers attenants, bordés par les treillages,
Un ralliement de pies semble tenir conseil,
Prêtes à marauder les drupes en sommeil,
Jacassant bruyamment juste avant leurs pillages. 

Prairies, forêts, ruisseaux, vous m’offrez la peinture
De ces carnations ourdies par un décor
Sculpté jalousement au Temps dont le support,
Se charge en volupté, et en créé la parure. 

Silencieusement, d’une oreille discrète,
J’écoute la forêt dont je suis l’invité ;
La Muse me murmure, en sa veine secrète,
Des vers harmonieux pleins de suavité. 

En générosité je m'enivre longtemps
Aux suaves senteurs d'une aura qui m'emmure,
Et j'écoute cette ode où mon âme murmure
La complainte amoureuse où je vis à plein temps. 

Pommeraies et bosquets, riches terres propices,
Brodant leurs éclats d'or au soleil rutilant ;
Répandent l'effluence, en cet instant galant,
Où se mêlent les chants des mésanges complices. 

Écoute ô ma pensée, sois discrète longtemps,
Fredonne ce refrain qui s’épanche à la gloire
De la nymphe et du breuil où, dans l’incantatoire,
 S'infiltrent des refrains sublimées entre-temps. 

Je suis l’acteur témoin au regard juvénile
Qui goûte de l'instant, qui se charme au rondeau
D'une nature en fleur, édénique tableau
Musical de lumière, où j’élis domicile.

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AU BOUQUET DES PENSÉES 

Sous la tiédeur du vent, où mon regard s'exile,
Contemplatif, béat, le bonheur me conduit
À l'ivresse des sens, au concerto fortuit
D'un orgue fascinant dont je suis le vigile. 

Au hasard souverain de parcours solitaires
J'ai respiré l'arôme au bienfait reposant,
Des beaux lys safranés aux couleurs légendaires ;
J'ai vu couler les jours couronnant le printemps. 

L'orgueil d'un chêne vert que le temps entérine,
Lui confère le lustre, et malgré l'âge ingrat
Qui l'enchâsse au limon sustentant sa racine,
Son feuillage s’habille en tenue d’apparat.

Les parfums, en secret, sur mon chemin disposent
Une ivresse troublante où se fond mon bonheur.
Les trilles des oiseaux en doux refrains s'imposent
En une mélodie au charme évocateur.  

Deux rameaux d’églantine offrent leurs plans de fleurs ;
Se faufile un sentier, sinueux, – ma frontière,
Allant je ne sais où, courtisant les couleurs,
Se perdant comme un chant dans l’aube printanière.  

Et la harpe du vent fredonne, énamourée,
Un Oratorio palpable, auréolé,
Comme venu des Cieux à bord d’un char ailé,
Afin que mon ouïe en soit exagérée. 

J’entends la voix Sacrée, cette voix qui pénètre
Au plus profond de moi en me communiquant
L’émotion, la joie, qui sont en train de naître
En bouquets de pensées, au prestige éloquent.

Que ces instants sont doux au complice regard,
Où, dans ma flânerie, et d’un pas bien paisible,
Ces occultes pigments sans défauts et sans fard,
D’immensité forcent  l’humilité tangible.

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PEINTURE CHAMPÊTRE

Quand l’onduleux ruisseau répand son étiage
A travers les prairies en s’épanouissant,
La mésange titine au milieu du feuillage
Dès le potron-jacquet au zéphyr caressant. 

L’aubépine est en fleurs, se gorgeant de cétoines,
D’abeilles voletant s’enivrant de nectar,
Tandis que dans les prés les nappes d’aigremoines
Inondent le gazon,  fleuronné avec art. 

Les vernales senteurs des roses de la vierge,
Embaument d’un parfum qui se répand partout,
Sur leurs tiges dressées aussi droites qu’un cierge,
Et qui de mai en juin, s’essaiment de partout. 

Bien-aimée Provence je puise mes racines
En ton sol généreux, patrie de l’olivier ;
Respire le nectar des grappes de glycines
Auquel mon odorat a été convié.

 Quand valsent dans les prés les jonquilles en fleurs
Caressées par les vents qui soufflent leurs arpèges,
Les couleurs se marient, aux veloutées chaleurs
Et courtisent les champs, bienveillants florilèges. 

J’observe simplement comme vit la nature,
J’en mesure l’aspect,  son écrin enivrant,
Les pastels contrastés de son architecture 
Chargés  de maints reflets, tout en la célébrant.

Danse le menuet d’une verdure en fête,
Authentique à souhait, écrin d’intimité ;
Chante le doux refrain de la sylve coquette,
Quand la dryade veille avec félicité. 

En ce beau jour d’avril le soleil, magnanime,
Diffuse ses bienfaits, chante l’odeur du temps,
Répand dans les prairies, son potentiel sublime,
L’agrément, l’harmonie que l’on goûte au printemps.

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AU PIED DU LUBERON 

Au pied du Luberon la commune de Sannes,
Adornée par le pampre aux coteaux productifs,
Offre, en son versant sud, les grâces courtisanes
De fins panoramas aux regards attentifs. 

Pins d’Alep, chênes verts, denses oliveraies,
Jonquilles au printemps, buis et genévriers,
Cerisiers, amandiers et grandes pommeraies,
Témoignent, au soleil, de charmes séculiers. 

Ayant pour horizon la flatteuse Durance,
Ansouis met en relief son illustre château ;
Tourelles et donjon griffent leur influence
Chargée d’un millénaire, habillant le plateau. 

Pittoresque village, au temps, chargé d’histoire,
Grambois le médiéval, au pays d’Aigues, fier,
Dresse sa vieille pierre en haut d’un promontoire,
Célébrant le passé que le présent conquiert.

Et Lourmarin, aussi, et ses jolies fontaines,
Son vétuste beffroi au bâti confondant,
« Patrie » d’Albert Camus, qui de rives lointaines,
Y vécut et repose, éternel résidant.

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AU LARGE 

Le Soleil au zénith se reflète sur l’onde,
Y sature à dessein paillettes argentées,
Qui semblent se mouvoir sur la houle profonde,
En courant les ressacs glissant vers les jetées.

Les graciles voiliers qui dansent sur les lames,
Emportés par le vent, glissent à l’horizon
En un noble ballet, hochant leurs oriflammes
Au gré des alizés et de leur flottaison. 

La sublime beauté des îles littorales
Aquarelles surgies d’un cristallin haut-fond,
Forme tout un décor de splendeurs sans égales
Donnant force relief à ce site enchanteur. 

Une frange d'écume - instables bandelettes -,
Habille, immaculée, le long contour saillant
Des îlots dispersés, et au large égayant
Cette mer courtisée de rares goélettes. 

Tout près du bord de l’eau où expire la houle,
Le clapotis grisant devient un bruit discret,
Son écho familier vers le large refoule
Une vague légère emportée en secret. 

Je suis comme l’aède au seuil de l’Unité,
Visage caressé par la lutine brise ;
Fleurissant mes pensées en toute humilité,
Le regard fasciné à l’intangible emprise. 

Surgi du firmament un grand vol de mouettes
Surveille l’océan côtoyant les courants,
Disparaît peu à peu comme des silhouettes
Dont l’horizon soustrait leurs voyages errants. 

Une barque légère à mes yeux se dérobe,
Glissant sur l'onde pure, et semblant chevaucher
Les flots d'un bleu saphir où viennent se cacher
Quelques oiseaux du large et que l'azur englobe.  

Comme une broderie ciselant le satin,
Dont les bords dentelés fardent un pur ouvrage,
Les criques découpées, asservies à l'outrage

Des marées et des vents, s'érodent au destin.

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FONTANALBA*

Les massifs montagneux dans les ocres subtils
Qui répandent le soir les soupirs d’hélianthe,
Marbrent de vermillon les orgueilleux profils
Des éperons rocheux d’allure bien troublante.

J’ai posé mes regards à l’ampleur des alpages,
Espaces émaillés de cirques et de lacs,
J’ai arpenté des cols et des vallées sauvages
Dans des reliefs abrupts habillés de séracs.

Le parc du Mercantour, la vallée des Merveilles
Ont l’austère beauté née de la nuit des temps,
Comme Fontanalba dont les pierres vermeilles
Révèlent des motifs rupestres, déroutants.

Près de Castérino, au seuil de l’Italie,
Dans l’écrin scintillant des grands pics escarpés,
Refuges naturels d’une faune établie,
Bouquetins et chamois s’y sont développés.

Les rencontres, parfois, tiennent du privilège,
Quand au hasard des bois une meute de loups
S’enfuie vers la forêt, discrète, et se protège,
Disparaît dans la brume aux contours les plus flous.

Plus bas, dans la vallée, une eau vive étincelle
Dans le déclin du jour quand les derniers rayons
Du soleil qui descend dessine une aquarelle :
Toile de majesté incrustant ses sillons.

Et, l’œil resplendissant d’un sensuel désir,
Dans un rêve de paix aux pensées les plus fluides,
J’enveloppe mes sens d’ineffable plaisir
Quand au rythme du soir les émois sont languides.

À l’heure où tout s’endort le doux bruit des cascades
S’élève vers l’azur dans la faible clarté,
Et diffuse serein les dernières aubades
Dont l’écho séculaire y chante l’unité.

Je respire l’air pur de fraîcheur cristalline,
Foulant d’un pas léger le chemin du retour,
Ô Nature combien en moi tout s’illumine,
Je te quitte et pourtant je te vivrai toujours.

* Fontanalba, site archéologique dans le parc national du Mercantour.

barre-andre.pngÀ L’ACCUL DES GRANDS BOIS

Rustique liberté qui se fond dans les âges
Dispensant son éclat depuis la nuit des temps,
Comment ne comparer l’ordre des paysages
Au charme poétique accueillant et constant ?

Les formes, les couleurs, les parfums, la lumière,
Dilatent la nature aux pastels d’un tableau,
Dévoilant les motifs d’essence hospitalière
Où l’âme étreint le cœur dans un divin sanglot.

Soleil aux cheveux d’or qui lisse sa coiffure
Sur les prés le matin dans la moite pâleur,
Tandis que se répand sur la dense verdure
Des effluves de miel quand renaît la chaleur.

Et sous l’ample ramure à l’accul des grands bois,
Sur le tapis mousseux qui veloute la terre,
Le brame du vieux cerf résonne plusieurs fois,
Imposant et troublant dans son lieu solitaire.  

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Date de dernière mise à jour : 2020-04-06 08:43:43

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