Poésies classiques 7ème partie
SANNES EN LUBERON
S’il est un bel endroit qui charme la nature,
Pittoresque et grisant, au pied du Luberon,
Pays de caractère et d’arboriculture,
Sannes est la parure et pérenne fleuron.
Entouré d’un vignoble aux réputés domaines
Qui, à perte de vue, en habille les champs,
Le soleil généreux enlumine les plaines,
Et dote ses châteaux de reliefs ravissants.
Regards énamourés aux coquets paysages
Envoûtant les bories dans les soupirs du vent,
Les bastides, hameaux et accueillants villages
M’offrent cette douceur d’un décor émouvant.
Près des sentiers bordés de feuillus centenaires,
Les lierres vagabonds envahissent les troncs ;
Les chênes orgueilleux y sont dépositaires
De toute une magie parcourant les saisons.
L’ÂME DU SILENCE
Le ciel illuminant son océan d’étoiles
Projette mille feux qui courtisent la nuit,
Et ces yeux dans l’éther, monumentales toiles,
Satinent de festons l’empyrée qui séduit.
C’est l’âme du silence, et la terre endormie
Aux aspects éternels se fige lentement ;
Dans l’immobilité – symboliste alchimie –,
La nature rêveuse y souscrit pleinement.
Aux vifs frissons de l’air s’ensommeillent les arbres,
Paraissant chuchoter la mémoire du jour,
Sous le regard patent des astres froids de marbres
Interceptant soudain leur bien secret discours.
Et quand tout s’alanguit dans la saison d’automne,
Tandis que Vesper luit aux rives de l’azur,
Au plus profond des bois un grand brame résonne,
Ranimant cette vie qui réveille l’obscur.
DANS L’ORPHIQUE DÉLIRE
Grappes immaculées ployant sur les mélèzes,
Abondante poudreuse enveloppant les champs ;
Immuables flocons balayant les falaises,
L’hiver revêt, laiteux, ses charmes attachants.
Au plus profond des bois, le houx aux fruits vermeil,
Résiste avec orgueil à l’aura hibernale,
Et dans le froid paraît s’opposer au sommeil
D’une nature hostile où le frimas s’installe.
Un cours d’eau conséquent déferle, cristallin,
Dans son lit sinueux enclavé de fougères,
Et se perd aux regards, après le vieux moulin,
Dans ses courbes glissant de façons plus légères.
Sous les sanglots brisés du champêtre blanchi,
Le voile indéfini cernant les perspectives,
Palpite avec ferveur sous le ciel rafraîchi,
Humide, inaltéré, présences fugitives.
Bientôt il fera nuit, dans l’orphique* délire
D’une langueur secrète énamourant les sens,
La forêt peu à peu ce commuera en lyre
Pour dispenser des vers, discrets pleins de bon sens.
* Itinéraire spirituel.
SOIRÉE D'AUTOMNE
L’automne est un bouquet de chatoyantes teintes
Qui enflamment les bois aux feuillages ambrés,
Dispensant leur magie dans les douces complaintes
D’un zéphyr parcourant les bosquets obombrés.
Sous le poids de leurs ans les chênes centenaires
Se dressent somnolents sous les regards du temps ;
La ronce et la fougère y croissent, partenaires,
En bordant un cours d’eau au murmure chantant.
Dans le recueillement du soleil qui vacille,
Quand l’azur attristé obscurcit la forêt,
Et qu’au regard du soir le relief s’éparpille,
Tout respire, ici-bas, quand tout devient discret.
De doux parfums d’humus capiteux se répandent
Comme un souffle intérieur aux tangibles senteurs,
En parcourant le bois dont les arbres étendent
Leur ramure encor dense, aux tons fascinateurs.
Le jour s’en va céder la place au crépuscule :
Bucolique aquarelle, et sous l’œil alangui
De l’astre de la nuit qui au ciel véhicule
Comme un grain de beauté charmeur, épanoui.
C’est l’heure où tout s’endort et se fond dans les ombres,
Les étoiles perlant, semblables à des pleurs
Qui inondent l’éther et répandent grands nombres
De foyers coruscants qui nous laissent rêveurs.
POUR TROUVER LES BONS MOTS
Quiconque veut trouver quelques bons mots d’esprit
Doit d’abord débiter diablement de sottises,
Pour ne "mâcher" ses mots, vous l’aurez bien compris,
"Ruminez-les" d’abord dans des idées acquises.
Les mots infructueux sont des moments perdus ;
Savoir se taire à temps s’avère très habile
Et nous préserve aussi de ces malentendus
Qu’un mauvais argument véhicule, stérile.
Ne laissons pas les mots parler à notre place,
La malice des mots peut causer bien des maux,
Et pour des "exquis mots" il faut rester sagace
En contournant l’écueil qui mène au porte-à-faux.
Un bon mot opportun vaut mieux qu’un long discours ;
Celui qui parle peu fait désirer qu’il cause,
Mais si le peut qu’il dît se teinte un peu d’humour,
Le mot tôt, le mot tard, finalement s’impose.
LE VILLAGE DES BORIES, À GORDES.
S’il faut considérer comme fier patrimoine
Tout héritage ancien d’un savoir confirmé,
Peindre mes sentiments devient un charme idoine
Où je loue mes égards au passé exhumé.
Magnanime est mon cœur, et l’émoi poétise
Cet arpège égrenant la mesure du Temps ;
Il me plaît d’évoquer la richesse transmise
Que nos ainés ont su entretenir longtemps.
Il est de ces lieux-dits qui ont marqué l’Histoire,
Sertis dans un écrin fleurant les jours d’antan,
Quand le présent réveille en son évocatoire
L’étendue d’un génie au parfum Occitan.
Dans les Monts de Vaucluse existe un bel ouvrage,
Village séculaire au pied des oliviers
Qui, tout en pierre sèche, est l’ample témoignage
D’un art néolithique aux aspects singuliers.
Un monde de valeur et de sens où la roche,
Modeste matériau souvent extrait des champs,
Malgré un dur labeur, d’identité rapproche
De hardis bâtisseurs, la plupart paysans.
C’est ainsi qu’aujourd’hui la campagne gordienne,
Paysage lithique* aux multiples attraits,
Permet de découvrir, pour que l’on s’en souvienne,
L’histoire des « Bories » et ses nombreux secrets.
* Relatif au travail de la pierre.
LES GORGES DU VERDON
Les gorges du Verdon, divin lieu de tourisme,
Dont célèbre est son cours, souvent impétueux,
Traversent les massifs, touchant au paroxysme,
Enchâssées aux à-pics : décor majestueux !
Grandiose canyon aux riches paysages,
Dont une onde turquoise envoie mille reflets,
Valorisant un site aux multiples visages,
Que les temps ont sculpté de fastueux ourlets.
Les eaux vives des lacs, dans leur cheminement,
Sont des écrins d’azur d’une beauté sauvage,
Que l’on peut admirer d’un total agrément,
Les senteurs et couleurs bordant chaque rivage.
Du haut d’un belvédère aux vues panoramiques,
Se distinguent, profus, de longs lacets étroits,
Conduisant à travers de parcours bucoliques
Dans les couloirs secrets et les hautes parois.
Quel dépaysement cette Provence verte !
Des lacs de Sainte-Croix, d’Esparron et Quinson,
Aux cliquetis de l’eau vivre la découverte
Est plaisir du regard, bien-être à l’unisson.
Comment ne se laisser charmer et éblouir
Par ses hauts lieux brodant des sites remarquables,
Palettes de lumière où vient s’enorgueillir
La quiétude absolue de milieux délectables.
PENSÉES D’AUTOMNE
Quand la forêt se pare aux ors des jours d’automne,
Tous les tons flamboyants peignent dans les fourrés
Le tableau envoûtant que la saison façonne,
Sous le charme du breuil en habits mordorés.
Surprenante beauté, hommage à la Nature,
Richesse visuelle au désir de l’instant,
Dont la feuille vétuste expose sa dorure
Languissante exposée au vent frais persistant.
Au détour d’un chemin la frondaison jaunie
Forme un tapis soyeux où s’invite un frisson ;
Sentiment de quiétude et de tendre harmonie,
Propice à mes regards, mes sens à l’unisson.
Horizon solennel, l’orgueil des paysages
Brode chaque branchage au lustre pondéré
De nuances ténues, comme autant de messages
Murmurant en échos un soupir éthéré.
Palette flavescente, orange ou carminée,
L’enchantement des bois, au coucher du soleil,
Pare la frondaison de grâce satinée,
Quand le silence étend son manteau de sommeil.
L’humus imprègne l’air de ses senteurs sauvages,
Près de l’étang dont l’eau soudain se refroidît ;
Un gazouillis d’oiseau, venant des marécages,
Subjugue mes pensées, et mon cœur applaudit.
AUX SOURCES DE L’AURORE
Dans le froid matinal aux sources de l’aurore,
Quand le gazon blanchi, caressé par les vents,
Révèle un nuancier que l’automne colore,
La frondaison s’habille en des tons connivents.
La gamme des pigments de la feuillée alpestre,
Véritable arc-en-ciel de jaune, d’ambre et d’or,
Réfléchit dans l’air pur son apparat terrestre
Où solfie la Nature embellie au décor.
Un papillon gracile, engourdi au frimas,
Cherche une ultime fleur en sa quête tardive,
Et s’en va voletant, discret, en contrebas,
Puis se perd au buisson en sa fuite oisive.
Chatoyantes couleurs irisant les bosquets
Sous un ciel lumineux qui courtise la plaine,
Le rouge flamboyant des arbres en bouquets
Livre un écrin galant de beauté riveraine.
Les érables côtoient les chênes et le houx
En un ensemble dense aux accents poétiques ;
Je suis contemplatif, et dans ce rendez-vous
Mon esprit s’énamoure aux accords bucoliques.
C’est l’arrière-saison faste en métamorphoses
Que l’inertie trompeuse éploie aux horizons,
Sorte de litanie aux échos grandioses,
Qu’idolâtre, rêveur, l’aède aux frondaisons.
DANS L’AIR FRAIS DU MATIN
Subtilement teintés de feuillages pourprés,
Les érables flamboient aux lumières d’automne,
Et la sylve s’octroie jusqu’à l’entour des prés,
Un riche parement quand la saison frissonne.
La verdure, en sous-bois, lors, se métamorphose,
Tandis que l’horizon embelli de pastels,
Sous le ciel radieux révèle cette osmose
D’un tableau bucolique aux pinceaux solennels.
Le givre a recouvert l’herbage des prairies
Où certains passereaux font entendre leur chant,
Puis s’envolent, légers, vers quelques closeries,
À l’orée d’un hameau, plus loin, se détachant.
Dans l’air frais du matin l’humus répand l’odeur
Des nombreux champignons, ferments de moisissure,
Prospérant sur la glèbe, ajoutant la splendeur
Aux fanes mordorées qui brodent la nature.
Et dans l’allée sans fin, je vais, l’âme sereine,
Ayant les arbres drus comme seuls compagnons :
Cortège enchevêtré d’une improbable scène,
Semblant m’accompagner tout au long des layons.
ENTRE UBAYE ET PIÉMONT
Col de Vars, Col de Larche et col de la Cayolle,
Panoramas offrant à partir des sommets,
Cet éblouissement quand le regard s’envole,
Et s’évade l’esprit aux blandices discrets.
Au fond, dans la vallée, sous l’azur transparent,
L’Ubaye resplendit et j’entends son murmure,
Complainte s’élevant en refrain rassurant
Tandis que la forêt expose sa parure.
Le soleil généreux qui jaunit les alpages,
Dans un pastoralisme aimable et préservé,
Valorise la flore et offre aux paysages
Un écrin naturel, ineffable, éprouvé.
Villages hauts-perchés et troupeaux en estive,
Nombreux lacs d’altitude au pied des grands plateaux,
Tracés intermittents aux sentes intuitives,
Torrents impétueux dévalant, colossaux.
Dans l’air frais du matin quand la sylve frémit
Sous les nues dilatées aux lueurs de l’aurore,
Tout devient harmonie, bucolique et s’inscrit
Dans un ornemental que la clarté décore.
Quand l’aiguail* muse encor sur les vastes feuillages,
D’une barre rocheuse un bouquetin s’enfuit,
Puis échappe aux regards dans ses vagabondages,
Moments exceptionnels où tout paraît fortuit.
Aux prémices du jour brodant chaque brin d’herbe,
Tapissant les vallons, irisant les grands prés,
L’empreinte est romantique et l’entour mue, superbe,
Au luxe des couleurs, aux teints enchevêtrés.
J’ai attardé mes pas sur des hauteurs splendides
Au rythme de l’ivresse et de l’immensité,
Pieusement conquis aux troubles impavides
D’un milieu séraphique, altier d’immensité.
* Aiguail : rosée
POÉTIQUES MIROIRS
La Nature me sied en sa correspondance :
Intime réalisme où la félicité
Expose avec grandeur toute sa fulgurance,
Dans un décor de vie, puis de complicité.
Cette douce harmonie, où les vers du poète
Obéissent, feutrés, à ses impulsions,
Se marie au papier et devient l’interprète
Du sensuel des mots, fluides corrélations.
Quand, dès le soir venu, s’incruste au paysage
Les couleurs tamisées dans des reflets pastels,
Tout paraît s’endormir au bienfaisant présage
D’Artémis s’élevant chargée de rituels.
Cet état d’abandon que le rêve lucide
Mène à la confiance en la sérénité,
Inspire plénitude et, bienséant, valide
Nos sens énamourés dans l’émotivité.
Le bucolique, ainsi, se brode au romantisme,
Sensuel de couleurs, pétri d’émotions,
Nous invitant, pudique, à tout son symbolisme,
Déclinant sa parure à nos perceptions.
Quand l’horizon s’habille au velours des étoiles,
Que l’onirique danse en douce intuition,
Je louange le ciel : impressionnistes toiles,
Poétiques miroirs de la création.
ARRIÈRE-SAISON
Combien de ces moments dans un silence immense
À l'autel des forêts drapées d'un vent léger,
En cette fin d'été débordant d'élégance,
Motivent mes regards pour mieux les prolonger.
Quel décor plus exquis qu'un tableau de nature
Dont l'ombrage, en été, est bien bel agrément,
Quand filtre à travers bois sur l'épaisse verdure,
De tépides rayons, avantageusement.
Tout paraît si divin, accompli et amène
Sous les denses rameaux des mélèzes épais,
Et dont l'humus soyeux est le vaste domaine
D'une fougère dense, en ce havre de paix.
J'entends le chant léger du ruisseau qui serpente
Sous le dais solennel de l'ample frondaison,
Les sens émerveillés et la vue envoûtante,
D'instinct, je fonds mes pas dans l'arrière saison.
Ô Lyre qui répand l'angélique romance
Ornée d'élégants sons nés de cette oraison,
Et qui flatte l'orgueil du bocage à outrance :
Un chant de grâce sourd... se perd à l'horizon.
Parmi les grands ormeaux, le bouleau et le tremble
Doucement caressés par un frêle zéphyr,
Un vol de passereaux aux branchages s'assemble,
Trille joyeusement, avant de repartir.
Miroir de la vallée, l'Ubaye enchanteresse
S'infiltre sinueuse en ruban argenté,
Et poursuit son parcours sans aucune faiblesse,
De vals en dépressions, avec témérité.
Sur les plus hauts sommets quelque stratus blanchâtre
Ornemente la roche au firmament d'azur ;
L'immensité s'habille au faste d'un théâtre,
Et joue pudiquement avec le clair-obscur.
PARFUMS D’ÉTÉ
La nature s’enivre aux parfums de l’été,
Tandis que maints troupeaux pâturent l’herbe tendre ;
Le murmure du vent chante l’infinité
Dans une frondaison qui se plait à l’entendre.
Les bergers, dans les champs, veillent sur leur cheptel,
Le regard vigilant, garants des habitudes,
Parcourant la prairie aux coloris pastels,
Qui embaume au brin d’air, les grandes solitudes.
La vie céans est rude, exige aux sacrifices ;
La terre est le labeur d’un pénible destin,
Qu’il convient de gérer sous les meilleurs auspices,
Dans un monde rural estimé puritain…
Au village, plus bas, abritant les cottages,
Le vieux clocher d’ardoise émerge à l’horizon,
Une rivière coule à l’adret des cépages
Attendant de forcir quand viendra la saison.
L’alouette grisolle en les prés alentour,
Feutrée dans les bosquets, quêtant sa nourriture,
Au moment où le merle, en une arrière cour,
Siffle sa mélodie, avec désinvolture.
ALTITUDE
Dans l’air tiède d’été les gorges saisissantes
Dominées en gradins par les coteaux boisés,
En de larges lacets aux courbes ravissantes,
Rejoignent la vallée et ses lacs courtisés.
En quelque pente herbeuse, auprès du mélézin,
La piste forestière amène sans rudesse
Vers de grandes prairies au décor d’un fusain,
Exposant un tableau de sublime richesse.
Sur les berges d’un lac brodé de linaigrettes
Aux bouquets cotonneux ondulant sous le vent,
Un replat verdoyant aux esquisses parfaites
Expose un point de vue sauvage et émouvant.
Dans cet isolement de pur enchantement,
Où s’étagent les tons d’une exquise aquarelle,
Le spectacle est total et, amoureusement,
La nature se vêt d’une fine dentelle.
Les immenses sommets tapissés de falaises,
Minérale ambiance en ces points culminants,
Quand le soir se dépose au faîte des mélèzes,
Dotent les contreforts d’ocres éblouissants.
Un rêve de candeur et de séduction
Enveloppe mes sens d’un philtre de bien-être,
De parfums infinis, tendre invitation
Aux reliefs souverains que les charmes font naître.
Que de voies parcourues aux palettes pastel
Dont l’ampleur alentour, solennelle, irradie
Ses reflets de candeur répondant à l’appel
De mes regards conquis en mon âme alanguie.
Sous le glacier rocheux d’une haute muraille
Le noble Chambeyron et ses sillons arqués,
Abrite un long plan d’eau qu’entoure la broussaille
Où l’onde cristalline à des profils marqués.
Ô ! nature avenante, apaisante et fragile,
Qui chante au bleu du ciel le refrain délicat
D’un milieu bienveillant où mon esprit s’exile,
Je cède à cette joie, le charme en reliquat.
LE DERNIER VOYAGE
Ô votre Majesté dont le monde a loué
Soixante dix années de l’Histoire et d’un règne,
Un peuple vous admire et a le cœur noué ;
Il n’est aucun pays que votre deuil n’atteigne.
Votre image a donné du sens à votre titre,
Et moins par la noblesse en regard du devoir ;
Modèle de constance au niveau d’un chapitre,
La douceur et la force au souffle du Valoir.
Aux pensées élevées flattant votre couronne,
Dans un engagement où l’âge est un défi,
Jusqu’au bout vos égards, votre belle personne,
Auront marqué le Temps auquel vous faisiez fi.
Souveraine, aujourd’hui, en ce dernier voyage,
Le monde retiendra de vous l’humanité,
Votre rang, votre humour, ce paisible visage,
Au grand livre du siècle et de la dignité.
AINSI S’ACHÈVE…
Mon cœur s’est dessaisi de toute poésie,
Laissant place au brouillard de mon affliction ;
Si la peine se tait, plaintive me convie
Au silence oppressant dans l’abnégation.
Et si parfois j’ai cru au bien réel du rêve,
Un rêve sans emprise est un rêve oublié,
Tant les évènements sont ce poids qui enlève
Devant l’inattendu l’espoir sacrifié.
Combien les aléas laissent des cicatrices :
Projets, déception ont ceci de banal,
Que nos velléités s’usent vite aux prémices
De desseins s’effaçant au vide glacial.
Adieu cols et vallées, cascades et rivières,
Adieu lacs et forêts, l’intense souvenir
Devient le seul rempart d’images familières,
Ultime réconfort d’un repère à m’offrir.
Tout paraît terminé quand plus rien ne peut naître ;
Ma vie reprendra-t-elle un jour enfin son cours ?
Le trouble est mon abri quand la douleur pénètre
Comme un frisson indu meurtrissant mon parcours.
Salut, derniers regards que m’offre la Nature
Où mon cœur tourmenté s’octroie l’apaisement ;
Salut espoirs déçus, amère conjoncture,
Mon âme, en compagnie, assiste à mon tourment.
Un adieu est cruel dans le cours d’une vie,
Qu’il s’agisse d’un lieu, de gens ou d’un bonheur ;
Dans cet enjeu de taille oublier me convie
Qu’accepter le destin atténue la douleur.
FIN D'ÉTÉ
Aucun son ne trahit la beauté de l'instant
Dans ces lacets pentus près des crêtes rocheuses,
En lisière des bois quand, d'un col important,
S'offre au regard troublé des vues majestueuses.
Traversant la vallée dans un décor d'alpage,
Le débit d'un ruisseau dont le cours cristallin
Scintille et se faufile au milieu de l'herbage,
Trace un ruban d'argent, offre au charme un tremplin.
L'été livre en forêt ses rives de lumière ;
Les grands bois distribuent leur parure en reflet
Au lac dont l'onde étale, image familière,
Abrite en sa splendeur l'enchantement discret.
Ô charme où tout s'apaise en la clarté profonde
D'un chant divin, céleste, en ses profonds accords,
Pour réjouir mon coeur d'extase vagabonde
Quand mon âme, entendue, épouse les décors.
C'est l'heure où fleurent bons, auprès de la charmille,
Les plus denses parfums, odoreux, capiteux,
Tandis que le bosquet s'enlumine du trille
De quelques passereaux dans les coteaux boiseux.
LE CHEMIN DES ROYS
Grotte de Sainte-Marie-Madeleine
Il parcourt, séculaire, un écrin de verdure
En laissant libre cours à l’émerveillement
Et à la rêverie quand se peint la nature
À l’ivresse des sens, au dépaysement.
Un lieu chargé d’Histoire où le « Chemin des Roys »
Épouse en la ramure, et depuis bien des âges,
La grandeur du maquis dans les sous-bois varois,
Partant de Nans Les Pins vers les massifs sauvages.
Suivre dans le silence et la béatitude
Ce doux itinéraire où respire la foi,
Est un pèlerinage en la mansuétude
Dont l’âme épanouie y pressant l’autrefois.
Après avoir marché et gravi longuement
Le montueux chemin conduisant à la grotte,
Se révèle au regard, bien agréablement,
Un décor naturel d’atmosphère dévote.
C’est là au cœur du creux de cette abrupte roche,
Que Marie-Madeleine – et selon le passé,
Dans la crypte sacrée, sous le son d’une cloche,
A prêché et que tout a vraiment commencé.
Dieu ! quel panorama dont le site est pourvu :
Rois, reines, pèlerins, papes, princes, poètes,
Attestent la vigueur et tout le prévalu
D’un haut lieu vénéré où la paix se projette.
Visiteur, aujourd’hui, prosterne-toi encore
En ce doux sanctuaire aux parfums du sacré ;
Un souffle familier s’y inscrit dès l’aurore
Dans un halo de culte à l’Amour consacré.
PRINTEMPS DE MAI
C’est le cœur du printemps, le retour des beau jours
Dans l’indicible paix d’une aube magnanime,
La rosée du matin constelle aux alentours
Des paillettes d’argent de splendeur rarissime.
En ce doux sanctuaire embelli de verdure,
Bel écrin de velours où l’arôme musqué
De mille et une fleurs parfument la nature,
Tout est vaste silence, imposant, appliqué.
Sous les ors du levant, dans les bois couronnés
D’un branchage profus au matin qui s’éveille,
Dans le rire argentin d’accords bien ordonnés,
L’étiage du cours d’eau chante et plaît à l’oreille.
Tout paraît s’animer dans la lueur sereine,
Les ombres allongées se consumant au sol ;
L’éther s’illuminant et inondant la plaine
D’un voile nitescent contractant son envol.
C’est la saison profonde où l’air, languissamment,
Imprègne son parfum divin et pastoral
Quand mai s’habille aux teints, harmonieusement,
D’une Nature en fleurs sous le ciel matinal.
UN MATIN EN FORÊT
Et quand le ciel étend ses larmes de lumière
Dès le potron-jacquet sur l’humide gazon,
Dans la grâce du jour, image familière,
La sylve reprend vie et flatte l’horizon.
L’air devient vaporeux, quelques brumes tenaces
Fardent bas sur l’azur le parcours d’un torrent,
Glissant, majestueux, et dont les eaux vivaces
Argentent son sillage au débit conquérant.
Dans cette aube feutrée aux formes vacillantes
Quand l’humus des grands bois parfume l’alentour,
Les voix de la forêt fleurent les verdoyantes
Sphères d’épicéas en habit de velours.
Un décor d’harmonie, d’ineffable silence
Épand l’éternité d’un souffle solennel :
La Nature s’éveille en sa magnificence
À mes perceptions : hommage fraternel.
L’AMITIÉ
– « Parce que c’était lui, parce que c’était moi » ;
Sublime allusion de Michel de Montaigne
Évoquant l’amitié, dans cet état d’émoi,
Pour De La Boétie lorsque l’estime enseigne
Cet indicible choix de l’objet fraternel.
Il n’y a d’amitié sans bonne intelligence,
Et l’acte se révèle éprouvé, solennel,
Dans la complicité née de cette exigence.
Amis, sachons tisser ces liens particuliers
Pour qu’au-delà du doute et aussi de nos peines,
Nos sentiments communs y soient réfugiés,
Instruisent en nos cœurs les pensées les plus saines.
Le temps est bâtisseur de solidarité,
Et il n’est pas de joie sans cette bienveillance
Fondée dans le respect et dans l’affinité,
Pour que l’altruisme soit la voie de l’immanence.
L’amitié partagée est l’art de vivre ensemble,
Tout en se souhaitant pareillement du bien,
Essence de valeurs dans la foi qui rassemble
Hier comme aujourd’hui, tisse le quotidien.
Tous les êtres humains ont plus de ressemblance
Que ce que ce que l’on voudrait souvent leur opposer ;
Dans ce comportement la seule différence
Est dans l’inimitié qu’il faut exorciser.
Si pour mieux se comprendre il faut mieux se connaître,
Se découvrir soi-même est un engagement ;
Un principe vital favorable au bien-être,
Autrui se construisant dans chaque sentiment.
Date de dernière mise à jour : 2024-10-02 10:18:31